L'histoire de Marcel, par Pascale Wilhelmy

Son histoire est celle qu’il n’aurait pas crue. Qu’il n’avait pas imaginée. Pourtant, Marcel a connu son lot de belles années, de succès. Hockeyeur de haut calibre, talentueux - son équipe de la LHJMQ a même retiré son chandail avec son numéro, en guise d’hommage. Une popularité, une reconnaissance qu’il appréciait.

Même chose pendant les 28 ans qu’il a passées en Europe, à jouer dans une équipe professionnelle. La belle vie. Une grosse voiture, la maison, « tout le monde faisait Wow ! ». Puis, arrive le retour au Québec, plus difficile. On arrête ici le film de sa vie, par discrétion, par respect pour cet homme toujours fier, plus encore aujourd’hui qu’il y a quelques mois. Un homme qui, en ce moment, à cause d’un problème de santé, a reçu le verdict du médecin : incapacité à retourner au travail.

Au début, Marcel a résisté. Les banques alimentaires, c’était pour les autres, pas pour lui. Puis finalement, celui qui aime cuisiner pour lui seul - ça le détend - qui se prépare de bons petits plats, a fait les premiers pas. Et il a été étonné, agréablement surpris, par l’accueil qu’il a reçu à la Banque alimentaire Memphrémagog. Pas de jugement, pas de honte. « Je serais venu ici bien avant, mais je n’étais pas prêt. » Maintenant, quand il reçoit ses boîtes de denrées, il a déjà quelques recettes en tête. Récemment, à la cuisine collective « une vraie cuisine de restaurant ! », il a fait un pain à la viande enrobé de bacon (j’ai vu les images, ça inspire !), une délicieuse soupe aux légumes maisons, et en guise de dessert, ils ont cuisiné… des Saint-Honoré !!

Comme il le dit, avec justesse, Marcel a fini de pelleter, par derrière, sur le côté. Désormais, c’est droit devant. Le sportif en lui ajoute : « On [ne] gagne pas toujours mais on apprend… »

Il a cessé de s’apitoyer sur son sort comme il le faisait à son plus bas. Il attend maintenant de retrouver la santé, de mener une vie active, d’être là pour les autres.

En attendant l’opération, il prend soin de lui. Et chaque matin, vous dites merci ? « Non. Ce que je fais, tous les matins, après mon café, c’est que je me trouve un mot, une qualité qui va marquer ma journée. Ça peut être joyeux, reconnaissant, enthousiaste. Mais des fois je me permets aussi des choses plus négatives. On a le droit à ça. Mais c’est plus rare ! »

Au-delà de ses mots du quotidien, il s’inspire aussi de certaines pensées, dont celle-ci, qu’il tente d’appliquer : « Accepte ce qui est, laisse aller ce qui était, aie confiance en ce qui sera. »

Merci Marcel.